La Société
botanique de France (SBF) est une société savante fondée le 23 avril 1854. Elle
se fixe pour but « de concourir aux progrès de la Botanique et des
sciences qui s’y rattachent et de faciliter, par tous les moyens dont elle peut
disposer, les études et les travaux de ses membres » Elle est reconnue comme d’utilité publique par
décret du 17 août 1875.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Soci%C3%A9t%C3%A9_botanique_de_France
Courrier de soutien de la Société botanique de France
https://societebotaniquedefrance.fr/2022/10/20/la-serre-tropicale-du-jardin-botanique-de-lille-menacee/
La Société botanique de France a été informée par l’Association
des Amis du Jardin des Plantes de Lille de la décision du conseil
municipal de fermer définitivement la serre du Jardin des Plantes.
Les missions des Jardins botaniques de France que sont la médiation
culturelle et scientifique auprès des scolaires et du grand public,
l’enseignement, le soutien à la recherche et la conservation de la
flore menacée structurent une activité vieille de plusieurs siècles
au service des citoyens, du développement territorial, de la
protection de la biodiversité et de l’aide à la décision
politique et sociétale face aux enjeux d’aujourd’hui et de
demain auxquels nous devons faire face.
Le Jardin des Plantes de Lille, dont les collections de serre sont un
pilier, assume une partie de ces missions rendues à la collectivité.
Regarder la serre botanique et les collections qu’elle accueille
par le prisme unique de la consommation énergétique desservira à
terme la municipalité et ses habitants. D’une part, si des options
d’accueil peuvent être envisagées dans d’autres jardins pour
certaines plantes, pour l’essentiel des sujets de grande taille les
chances de survie sont extrêmement faibles. D’autre part, ces
collections ont mis des décennies à être constituées et
représentent un réel patrimoine vivant à préserver, comme
certaines espèces menacées dans leurs écosystèmes d’origine.
Fermer des serres, c’est priver les générations futures,
gestionnaires après nous de nos sociétés et de la nature, d’une
acculturation à la biodiversité et aux écosystèmes du monde
entier, déjà bien mis à mal par les changements globaux. Cette
éducation positive par les sens et le bien-être ne vaut que par le
contact direct entre l’individu et la plante, que le numérique
complète mais ne remplace pas. A l’heure où chacun choisit de
limiter ses déplacements, pour réduire sa production carbonée ou
en raison de manque de moyens financiers, fermer une serre botanique
revient à limiter les apports et enrichissements éducatifs et
culturels des enfants. Le maintien du patrimoine historique et
naturel est un enjeu collectif qui doit s’appuyer sur des
politiques volontaristes des collectivités publiques qui en assument
la compétence. La modération énergétique face aux pénuries
transitoires à venir nécessite une contribution de chacun, mais ne
doit pas engendrer de conséquences définitives sur les
infrastructures publiques dont les missions sont fondamentales dans
la société d’aujourd’hui et de demain. Fermer une serre
botanique et céder les collections végétales est un acte sans
retour, inimaginable pour une métropole de la taille de celle de
Lille. Il a fallu plus de cinquante ans pour parvenir à ce que la
serre (pour laquelle un dossier pour classement comme monument
historique a été déposé) développe et organise des collections
aujourd’hui installées, connues et reconnues. Appuyer sur un
interrupteur pour détruire ce patrimoine culturel et scientifique
serait un manque de considération envers ceux qui ont œuvré
patiemment pour parvenir à ce résultat, un pied de nez aux
habitants de la métropole et de la région en les privant d’une
partie de leur histoire commune, un mépris affiché envers les
générations futures que l’on déshériterait.
La Société botanique de France apporte sans réserve son soutien
aux équipes du Jardin des Plantes de Lille et de l’Association des
Amis du Jardin des Plantes. Elle appelle la municipalité de Lille à
réviser sa décision et de maintenir la serre botanique du Jardin
des Plantes dans ses fonctions. La SBF souhaite ainsi un renforcement
des missions du Jardin des Plantes et un investissement dans cet
équipement unique et fondamental du territoire pour l’enseignement
public primaire, secondaire et supérieur, le développement
touristique, l’essor culturel auprès des citoyens et les enjeux de
préservation de la biodiversité.
Société botanique de France, le 13/10/2022